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CAN 2024 : après un nouvel échec, l’Algérie évince son sélectionneur Djamel Belmadi

L’Algérie ne pensait pas revivre en Côte d’Ivoire le scénario de janvier 2022, quand sa sélection nationale, alors championne d’Afrique en titre, avait été éliminée dès le premier tour de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), au Cameroun. Elle n’a pas échappé à son destin, après la défaite concédée face à la Mauritanie (0-1) le 22 janvier à Bouaké, lors de la troisième journée de la phase de groupes de la CAN, alors qu’un match nul suffisait aux Fennecs pour disputer les huitièmes de finale et affronter le Cap-Vert à Abidjan une semaine plus tard.
Cette élimination de l’Algérie, présentée avant la compétition comme un prétendant à la victoire finale, a provoqué le limogeage du sélectionneur Djamel Belmadi (47 ans). L’ancien joueur du PSG et de Marseille avait été nommé en août 2018, moins d’un an avant de remporter le titre continental en Egypte. Walid Sadi, le président de la Fédération algérienne de football (FAF), l’a annoncé moins de vingt-quatre heures après la défaite face aux Mourabitounes. Les deux parties ont trouvé un accord à l’amiable, alors que le technicien franco-algérien était sous contrat jusqu’au 31 décembre 2026. Il percevait un salaire mensuel de 208 000 euros, soit le plus élevé pour un sélectionneur en Afrique.
M. Belmadi n’a fait aucune déclaration sur son cas personnel lors de la conférence de presse d’après-match, indiquant qu’il ferait le bilan de cette CAN avec Wadi Sadi. Le dirigeant n’a finalement pas patienté jusqu’au retour à Alger pour prendre une sanction inéluctable, selon Ali Fergani, ancien international et sélectionneur algérien. « Depuis deux ans, il y a eu ces deux échecs lors de la CAN, mais aussi l’élimination au dernier tour des qualifications pour la Coupe du monde 2022 face au Cameroun (1-0, 1-2). Soit il démissionnait, soit il était démis de ses fonctions », précise-t-il.
Si la responsabilité du sélectionneur est évidente, ce que l’intéressé a lui-même reconnu après le match contre la Mauritanie, celle des joueurs l’est également. Certains d’entre eux, parmi les plus expérimentés, n’ont jamais confirmé leur statut. En premier lieu, le capitaine Riyad Mahrez. « Il a été transparent. Il n’a plus le même rythme depuis qu’il évolue à Al Ahli SC, en Arabie saoudite. Quand il jouait à Manchester City, dans le meilleur championnat du monde, il devait se battre pour jouer, alors qu’en Arabie saoudite, sa place est quasiment assurée », souligne Ali Fergani.
L’élimination prématurée des Fennecs en Côte d’Ivoire pourrait également inciter certains joueurs à annoncer leur retraite internationale et ouvrir la fin d’un cycle. « La retraite internationale va peut-être concerner deux, trois ou quatre joueurs qui ont largement dépassé la trentaine, comme Raïs M’Bolhi [37 ans], Islam Slimani [35 ans] ou Sofiane Feghouli [34 ans], voire Riyad Mahrez [32 ans]. Mais le reste de l’effectif est jeune », nuance toutefois l’ancien défenseur Nordine Kourichi.
Plusieurs jeunes joueurs ont en effet été récemment appelés par Djamel Belmadi, essentiellement des binationaux comme Houssem Aouar (AS Roma), Farès Chaïbi (Eintracht Francfort) ou Amine Gouiri (Rennes). Ce dernier, blessé, a finalement déclaré forfait pour la CAN.
La sélection algérienne, qui a pris un bon départ dans les éliminatoires pour la Coupe du monde 2026, après avoir remporté ses deux premiers matchs face à la Somalie (3-1) et le Mozambique (2-0), aura également comme premier objectif de se qualifier pour la prochaine CAN, en 2025 au Maroc. « Il ne s’agit donc pas de tout changer, car il y a de très bons joueurs, mais de redonner un nouvel élan », plaide Nordine Kourichi. Une mission qui incombera au nouveau sélectionneur, dont l’identité pourrait être connue en février, avant que l’Algérie accueille un tournoi international réunissant l’Afrique du Sud, l’Albanie et la Bolivie entre le 20 et les 26 mars.
« Heureusement que nous avons les binationaux. Sans eux, nous n’aurions pas gagné la CAN en 2019 et nous aurons besoin d’eux à l’avenir », prédit Ali Fergani, tout en insistant sur la nécessité pour l’Algérie de « former plus de joueurs pour améliorer le niveau du championnat, afin que les meilleurs puissent intégrer la sélection ».
Au préalable, selon leur ancien capitaine, la crise que traversent les Fennecs doit inciter « les dirigeants du football algérien à s’interroger sur la situation locale, notamment la formation des jeunes », un secteur notoirement délaissé par la majorité des clubs professionnels, alors que plusieurs d’entre eux (MC Alger, USM Alger, MC Oran, CR Bélouizdad) ont comme principaux actionnaires de puissantes sociétés d’Etat, comme la Sonatrach.
Alexis Billebault
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